L’IA, plus forte que les miracles de Jésus ?

Il y a quelques mois, le philosophe Michel Onfray ironisait sur les capacités prodigieuses de l’IA, assurant qu’elle signifiait - en quelque sorte - le retour de Jésus sur Terre : soudain, grâce à elle, les sourds vont se mettre à entendre, les crétins deviendront intelligents, les aveugles verront… le hic étant qu’au fond  « derrière tout ça il y a juste du marché, il y a juste du business, il y a des choses à vendre » (Sud Radio, 3 juin 2023)

Et le philosophe d’avertir : « on ne réparera pas les intelligences, on fabriquera des intelligences »… les gens vont se mettre à croire que l’homme marchera sur les eaux, sans comprendre que la nature humaine restera ce qu’elle est. 

De son côté, Kant avait prévenu que l’homme est comme taillé dans un bois courbe, et que l’on ne fera jamais quelque chose de parfaitement droit à partir d’un bois courbe : l’IA et le transhumanisme auront beau révolutionner l’univers technique qui nous entoure, la dignité qui fait l’homme, ses aptitudes à s’élever, à s’améliorer en profondeur n’appartiennent pas à leur empire.

Ce qui nous incombe en revanche, c’est de s’emparer de ces matériaux autrement que ce que nous avons fait avec Internet, depuis 20 ans. La perte de capital humain a malheureusement suivi la courbe de l’extension d’Internet un peu partout en Occident, en raison d’un nouveau rapport hyper segmenté au savoir, et aux flots de dopamine quotidienne générés par les vidéos partagées sur les réseaux sociaux.

Changer l’individu en personne : voici le plus beau miracle qui demeure à notre portée collective, depuis les origines de l’humanité. Une IA bénéfique est possible, à condition que l’on infuse suffisamment de philosophie dans nos interactions avec elle. 

Olivier Truong

Conférencier en management, accompagnateur de dirigeants

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