Le tourisme de masse provoque de sidérants tableaux d'apocalypse. On le sait tous, et notre rapport à l'ailleurs est en cause lorsqu'on s'ingénie à y débarquer collectivement.

En 1993, le regretté Jacques Julliard décrivait en ces termes caustiques une visite d'église en Hongrie:

"La pollution touristique abolit toute espèce de spiritualité, et même de beauté. Les touristes japonais en baskets se font photographier devant l'autel et le crucifix, comme un chasseur devant le cerf ou le sanglier qu'il vient d'abattre. Nike ou Reebok, mollets poilus rougeoyants devant les sculptures médiévales: le contraste est suffocant, le sentiment dominant que l'on éprouve est celui de l'obscénité. Ventres flasques, agrémentés d'une poche en sous-ventrière, ils cheminent au milieu des ruines, une boîte de Seven Up à la main comme une cassolette sacrée"

(Jacques Julliard, Carnets inédits, 1993)

Pierre-André Bizien

Biographe privé

pierreandrebizien@yahoo.fr