La pauvreté en France a explosé. Chiffres et analyses. Le Mans, etc
Article publié le 27/03/2024
Il est désormais banal de constater, un peu partout sur le territoire, la présence de tentes et de monticules de cartons au milieu des trottoirs. A Paris, le phénomène est désormais hors de contrôle. Si vous cheminez depuis la Place de la Bastille sur le Boulevard Bourdon en direction de Quai de la Rapée, vous tomberez sur un nombre improbable de bâches trouées cernées de détritus. Paris ne parvient plus à offrir de solutions aux populations indigentes.
Une situation inédite et grave
En 2021, l'INSEE recensait 14,5% de pauvres en France. Des villes moyennes comme Le Mans ou Amiens deviennent visiblement des zones de grande souffrance sociale. Ainsi, dans la cité mancelle, le nombre de Barber shops et de Kebabs a littéralement explosé, remplaçant toutes sortes de petits commerces anciens qui offraient à la ville son climat aimable et pittoresque. Désormais, passé 18h, le centre-ville est sillonné par des types à mine patibulaire, pas forcément agressifs, mais zonant plus ou moins autour des petits groupes d'étudiants qui s'attardent. Traversez donc la Place de la République à l'heure où les commerces ferment: on vous demandera fréquemment de la monnaie, et parfois même, vous serez témoin d'une incartade aux abords du secteur.
Les Manceaux se terrent rapidement chez eux après leur travail, la vie nocturne a clairement perdu de son charme innocent. Bien entendu, la Mairie semble faire la sourde oreille, relativise la situation. On parle encore de "fantasmes", ou d'exagérations. Mais en vérité, les faits sont clairs: le climat n'est plus sécurisé, et la proportion de petits accrochages avec les inconnus croisés explose. LEs coups de couteau, sans être devenus courants, sont désormais une réalité prise en compte par chacun.
L'ubérisation de l'économie a réorganisé l'occupation de l'espace, les flâneurs s'en sont allés, remplacés par des zonards et des travailleurs nocturnes qui s'étalent à vélo en écoutant des programmes agressifs sur leur smartphone. Cliché? Non pas: c'est bien le paysage qu'offrirait une carte postale d'aujourd'hui. Si ce n'est pas l'apocalypse, c'est néanmoins un tableau urbain dévitalisé, profondément dégradé, qui s'offre aux regards.
Les gens sentent que quelque chose s'est éteint du caractère historique du Mans. Quelque chose qui ne reviendra plus. Beaucoup pointent l'arrivée massive de populations d'origine arabe et subsaharienne, que l'on retrouve souvent dans les histoires de bagarres et d'agressions physiques. La vérité n'est pas ethnique: au Mans, vous trouverez beaucoup de blancs à la mine patibulaire, baptisés sous le doux sobriquet de "punks à chiens". Ils interpellent le chaland près de la Gare, rue du Port, ou encore dans les alentours de la Place de la République, parfois agressifs.
Cette situation mancelle, grave, illustre à gros traits ce qui se passe tendanciellement dans tout le pays depuis quelques années.
Le pays n'est plus un hâvre de richesse, loin de là. La situation économique réelle de la population s'est profondément dégradée, à tel point que certains politiques tentent de cacher ce déclin sous l'excuse d'impératifs de sobriété écologique.
La réalité, c'est que depuis les années 2000, l'économie a profondément chuté, en raison de la désindustrialisation et de mauvais choix stratégiques. On a pu par exemple établir que la France a atteint le soommet de sa puissance relative dans le monde au cours de l'année 1999 (Christian Saint Etienne, L'Opinion, 14 janvier 2024). Depuis, le pays a perdu la moitié de ses parts de marché dans le monde, et le niveau de vie a baissé de 15% par rapport à l'Allemagne. Mais voilà, ce ne sont là que des chiffres. La réalité est plus douloureuse.
Appeler à un énième sursaut ne servirait à rien. L'urgence est de se mettre d'accord sur un constat qui ne passe pas, pour des raisons idéologiques d'un autre siècle.
Pierre-André Bizien
Biographe privé
(J'écris vos livres, vos biographies et vos récits de famille)
mail: pierreandrebizien@yahoo.fr