Facteurs de la croissance économique des nations. Une étude sérieuse

Article publié le 18/06/2024

La fin du XXe siècle fut une période intellectuelle exceptionnelle. Les gens lisaient encore énormément, le temps ne s'était pas encore morcelé, les grandes consciences philosophiques n'avaient pas encore disparu. 

 

Je souhaiterais attirer votre attention sur un livre qui m’a profondément marqué dernièrement. Je veux parler de "La société de confiance", œuvre singulière d’Alain Peyrefitte, parue en 1995 aux éditions Odile Jacob.

 


Dans cet ouvrage de haute tenue, le grand académicien cherche à percer l’énigme du développement économique. Rien de moins. J’entends déjà les rieurs flairer la catastrophe éditoriale. Que nenni. L’ouvrage est passionnant de bout en bout, et d’une richesse intellectuelle supérieure aux productions actuelles.


Entre ces pages, l’auteur nous propose une « anthropologie du développement », qui succède à son travail inaugural de thèse, portant sur la « Phénoménologie de la confiance ». Intitulé merveilleusement abscons, je le concède, dont seuls nos mandarins du quartier latin ont le secret.


Monsieur Peyrefitte révèle certains comportements inhibiteurs qui entravent le progrès et la prospérité des sociétés, induisant que nous devrions les comparer à nos propres systèmes de fonctionnement en entreprise. Vous l’aurez compris, c’est là que mon œil luit… De cette confrontation macro/micro germeraient des prises de conscience salvatrices chez nos entrepreneurs.


L’innovation est un résultat qui implique un « coût psychologique » que l’entrepreneur doit assumer, acceptant l’aridité de déserts transitoires. Ce qui est décisif, au-delà du capital investi, et du réseau d’idées mobilisées, c’est la CONFIANCE qu’il saura préserver en lui tout au long du désert. Naturellement, ce comportement s’applique aussi aux collectivités.


On apprend qu’il existe une « matrice mentale » qui génère le développement et les bénéfices, et l’un des ressorts majeurs de cette matrice, c’est la confiance. La confiance, non pas naïvement en tel ou tel, mais la confiance en tant que position philosophique posée devant l’adversité.


Pour mieux comprendre ce qui se cache derrière ce mot "confiance", d’apparence si banale, et pour ingurgiter d’autres secrets, il faut lire ces chapitres de feu que nous concocte l’auteur.


Au XVIe siècle, l’Europe du Nord se substitue à l’Europe latine comme foyer d’innovation et de modernité, du fait d’attitudes psychologiques collectives nouvelles. Nous le savions, mais il l’explique mieux que Max Weber. Plus loin, on tombe sur une définition cohérente de l’économie :


« La caractéristique particulière de l’économie est de mobiliser les énergies par la compétition et de les mettre en synergie par l’échange »


Ou encore :


« La rivalité économique est moins une question de ressources que d’organisation »


Enfin, avec patience, monsieur Peyrefitte nous révèle pourquoi la notion de CONFIANCE est à la racine du développement :


« Nombre d’économistes ont cherché à mettre le développement en équation. (…) L’expansion ne pouvait être mesurée par une simple combinaison du Capital et du Travail. Il fallut admettre l’intervention d’un facteur résiduel, et se résoudre à y englober des variables complexes, qui ne pouvaient se résumer qu’en un mot : culture »


Je n’en écrirai pas plus, vos supplications n’y feront rien. Courez vous procurer l’ouvrage, et dites-moi ce que vous en avez pensé !

 

Olivier Truong

Conférencier en management, accompagnateur de dirigeants

 

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