Confucius et performance

Article publié le 12/06/2024

Le business est un art particulièrement florissant en Asie de l'Est. Pour quelles raisons ?

 

Question peu évidente. On avancera probablement que les salariés asiatiques sont de gros travailleurs très disciplinés, à des années lumière de nos gauloiseries managériales. A première vue, un tel argument paraît simplet. C'est précisément là que notre snobisme réflexif nous trahit, et que nous cherchons mécaniquement d'autres pistes. 

 

 

En vérité, oui, les entreprises d'Extrême-Orient ont tendance à générer des merveilles et dégager de plantureux bénéfices en raison d'un petit mot tout simple, avec lequel nous sommes passionnément fâchés: la discipline. 

 

Non pas une discipline mécanique, bête et méchante, comme nos syndicats raillent souvent l'emploi. Une discipline confucéenne, héritée d'un substrat culturel extrêmement solide et profond. Je m'explique: s'il existe naturellement des milliers de paramètres à considérer pour analyser le pourquoi de la réussite en entreprise, il apparaît cependant que certaines conditions structurelles favorisent d'emblée la croissance au sein d'une entité productive.

 

Il apparaît clairement que ce qui manque à de nombreuses équipes, chez nous en Occident, c'est une culture de la discipline qui fait sens. Un bon management ne passe certes pas par la militarisation des cadences et l'idolâtrie des hiérarchies. En revanche, ce qui fonctionne clairement chez nos amis asiatiques, c'est justement ce qui nous fait défaut: une souplesse ordonnée, imaginative, méticuleuse et renforcée par des chaînes de respect mutuel. 

 

Cet équilibre complexe existe en Asie, avant tout au Japon et en Corée. Si certains aspects du management local ne conviendront jamais à nos tendres échines françaises, nos performances décupleraient si nous parvenions à inclure quelques règles du confucianisme au sein de nos process.

 

Cette subtile dose de culture confucéenne bénéficierait notamment à la productivité, tout en lissant nos rapports interpersonnels.

 

Le management confucéen n'est pas l'envers exact de nos techniques managériales occidentales, basées sur certaines formes de décontraction et d'encouragement à l'expression forte; pourtant, à certains égard, il prend le contre-pied d'évidences que nous ressassons dans les directions et dans les bureaux RH. 

 

Principes confucéens pour le management

 

Le management confucéen ne nous invite pas à un retour bête et méchant du culte des hiérarchies et du surinvestissement pathologique au travail. Plus subtilement, il nous propose de reconsidérer l'importance de l'harmonie collective, la politesse quotidienne déclinée jusqu'aux moindres détails, et un reforcement de nos capacités d'attention / concentration. 

 

Le management confucéen fonctionne dans la mesure où il est appliqué avec souplesse, et non scolairement (c'est précisément pour cette raison, parce qu'il est souvent appliqué scolairement, que des entreprises asiatiques sont victimes de plantages monumentaux). 

 

Quels principes confucéens seraient particulièrement profitables à nos équipes en entreprise?

On commencera par quelques sentences génériques, qui ne sont que des directions. 

 

« Exige beaucoup de toi-même et attend peu des autres. Ainsi beaucoup d’ennuis te seront épargnés»

 

« Celui qui sait obéir saura ensuite commander »

 

« Une petite impatience ruine un grand projet »

 

« Sans langage commun les affaires ne peuvent être conclues »

 

« Le sage se demande à lui-même la cause de ses fautes, l’insensé le demande aux autres »

 

“On s'égare rarement en s'imposant soi-même des règles sévères.”

 

« La joie est en tout. Il faut savoir l’extraire »

 

Ce que nos managers doivent bien comprendre, c'est que l'intérêt des équipes et des directions passe par une meilleure gestion du temps, une densification de l'attention au travail, une méticulosité pour le détail, et une culture de la politesse renouvelée. 

 

Pour aller plus loin:

 

olivier-truong.com

Accompagnateur de dirigeants, coach en management